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18 janvier 2009: sa première BD

Pierre Rouzo

Il a été le parrain de ce petit site,
nous étions amis
Beaucoup de photos et quelques textes

© Mick Avery



© Jean-Marc Lallemand  
  © Jean-Marc Lallemand


 
© Jean-Marc Lallemand  

Pierre dessiné par lui-même et reproduit sur le rocher de Parves
© Jean-Marc Lallemand

© Jean-Marc Lallemand
Assuré par Hugues Bauzille...
assuré par Lucien Bérardini (Lulu)
© Jean-Marc Lallemand



Hugues

                (deux dessins extraits des cahiers de Claret)

:
    la main de Lulu,
    amputée de plusieurs phalenges.



 
Raymond Durateau
© Jean-Pierre Banville
Un jour de grand soleil à Claret,
le québécois déjanté apporte un cadeau de son pays du grand froid
à Pierre,
la réponse Rouzoesque est immédiate !


© Pierre Rouzo  


 
© Pierre Rouzo




© Pierre Rouzo
Illustration d'un historiette du magazine Grimper, ajoutée par El Loco


© Pierre Rouzo

© Phil Maurel



Pierre c'était aussi des textes savoureux,


pour revivre avec lui  ses débuts en escalades:

ou pour passer directement aux photos suivantes

Première main…
Auteur: Pierre Rouzo                                                             date: dim 12 fév 2006 19:52:41 CET

J’ai découvert l’escalade en même temps que Jean-Marc.
Nous étions bons amis (nos femmes aussi d’ailleurs) et nous nous connaissions
depuis cinq ou six ans. Nous habitions tous les deux à Nancy, en Lorraine
(en haut, à droite), et ni lui ni moi ne faisions de sport. Rien.
La toute première fois que l’on a «grimpé», c’était en 1980, en novembre,
lors d’une très – très –- rare journée d’ensoleillement qu’offre ce pays.
Air froid et sec, donc.

Christian, un copain qui connaissait l’activité, nous en parle un jour.
Il nous propose même de nous initier à cette «chose», totalement inconnue
pour nous : La Varappe (?)...
Bon, soit, on peut toujours essayer... Zou : allez, on verra bien.

Rendez-vous est pris. Dans les proches alentours de Nancy, c’est pas compliqué :
il n’y a qu’une falaise : Maron (!).

Enfin, une falaise : une ancienne carrière désaffectée dans un joli coin de verdure.
Un endroit, finalement très bucolique, au bord de la Moselle.
Elle forme une petite barre de calcaire fracturé, d’une petite trentaine de mètres
de haut pour une centaine de large. Elle est coupée aux deux tiers par une très large
et confortable vire, dans laquelle sont ancrés toutes sortes de bouts de ferraille :
cornières, fers à bétons, fils de fer... pareil dans les voies, plus des pitons.
Des militaires s’y entraînent régulièrement en surnombre, des pompiers aussi,
et le Club Alpin y organise souvent des sorties. Le nom des voies est évocateur :
«la K2», «le dièdre jaune», «la fissure Rébuffat», etc.

Ce jour là, et malgré le soleil, il n’y a pas trop de monde.
Moi, j’aime autant : je n’apprécie guère de «tourner ridicule» devant témoins (!).
Christian a tout le matériel nécessaire et nous donne maintenant les premières
consignes de base : comment grimper sur le rocher comme à une échelle,
avec toujours trois points d’appuis (??), comment se servir du descendeur
pour assurer le premier de cordée, etc.

Et c’est parti : Christian évolue facilement et grimpe rapidement jusqu’au «sommet».
Pas le temps, pour nous, les néophytes, d’observer – vraiment – la gestuelle du connaisseur
et l’emplacement des prises... Mais bon, «ça à pas l’air trop compliqué SON truc» (!?).

Bon. C’est au tour de Jean-Marc. Christian reste en haut pour assurer.
Houlaaa, c’est pas si facile, finalement : Jean-Marc zippe des baskets et passe
un temps fou à tâter le rocher pour trouver les prises...

Mais bon, il arrive tout de même en haut.
Pareil pour moi : je ripe des galoches mais je m’en sort.
Même pas peur. Jean-Marc non plus.

Par contre, lorsque je suis arrivé sur la vire, j’ai trouvé «un peu bizarre» que Christian
m’assure de cette drôle de façon : debout, les pieds au bord du vide et la corde
par dessus l’épaule (?)...

Mais bon, c’est lui le «pro».

Après plusieurs autres voies, nous sommes vraiment enthousiasmés (!).
C’est super «çà», d’escalader ! La varappe : ça nous plaît !

Ca nous plaît tellement, que l’on songe aussitôt à s’acheter– nous aussi – notre propre
matériel. Las, les prix qui figurent sur les étiquettes sont – pour nous – particulièrement
effrayants (!). Ca nous calme.
C’est l’époque où l’on est au chômedu plus souvent qu’à notre tour.
Pas beaucoup de fric en magasin donc.

Qu’importe, Jean-Marc et moi sommes bricoleurs et je trouve des astuces : on va se
confectionner un baudrier chacun, avec des ceintures de sécurité... de bagnole (!).
Une partie a été cousue par un cordonnier et ils se bouclent autour du bassin à l’aide
d’un mousqueton à vis. Deux mousquetons, bien entendu chapardés dans LE grand
magasin de sports. Je me suis bricolé -pour ma part- deux plaques de métal (de l’inox),
qui rendent plus rigides mes piètres baskets de ville.
Un gant de toilette me sert de sac à magnésie.

Ne reste plus qu’à trouver la corde (Christian n’est pas toujours dispo).
Jean-Marc, peut être plus fortuné, mais surtout, apparemment plus motivé que moi,
saute le pas : il s’en achète une. La moins chère : toute blanche.
Une sangle, un autre mousqueton à vis et un descendeur plus tard
(tout ça chapardé, bien sûr), il n’y a plus qu’à.

Il n’y a plus qu’à... attendre un jour sans pluie !

La Lorraine, ça n’est pas franchement le pays de la varappe : quelques jours de soleil par an,
du trop froid en hiver, du trop chaud en été, de la pluie ou du brouillard le reste
du temps, et surtout, pas de cailloux à des kilomètres !
Mais «ça le fait» de temps en temps...

En observant les autres grimpeurs, Jean-Marc et moi s'assurons maintenant
«en moulinette» (le mot n’existait pas encore), du bas, avec un 8.
Christian nous a blousés de sa crânerie. Nous en sommes convaincus :
c’est nul et surtout dangereux !

C’est aussi l’époque où certains «vrais» grimpeurs, peignaient certains pitons en jaune.
Ceux dont il était possible de ne pas se servir pour la progression.
Nous, on fait comme on peut : quelques fois on s’en sert, quelques fois non.

Mais on fait des progrès (!).

Et puisque faire des progrès est encourageant, on s’entraîne maintenant chez nous.
Chacun chez soi : musculation, tractions, assouplissement...
Un peu de tout et un peu n’importe quoi : après s’être démonté le dos, Jean-Marc
a arrêté les tractions lestées d’un sac à dos... rempli de cailloux (!),
et moi, j’ai laissé tombé le grand écart facial, après m’être démoli les genoux !

Le premier magazine qui parlait de varappe et que j’ai trouvé en rayon chez
le marchand de journaux, s’appelait «l’Année Montagne». Et puisque la couverture
en était souple, je l’avais plié directement dans mon blouson sans passer par la caisse.

Haaa, que de rêves, de fantasmes et d’ambitions nouvelles : les photos sont mauvaises
mais donnent tout de même envie : Buoux, le Verdon, les calanques...
Si la montagne nous laisse plutôt froids, les falaises du Sud... le soleil...
çà, ça nous fait vraiment rêver (!).

A Maron, le «vrai» grimpeur, le cador, c’est celui qui connaît ces falaises mythiques.
Et justement, on en connaît un. De vue (un con).
Un gaillard que nous, les deux débutants, intriguions : on faisait -tout de même-
de très rapides progrès (Nous faisions même du solo sur ce caillou... limite péteux !)...

Sans s’inquiéter du matériel minable qu’on utilise, il nous conseille de grimper
«en tête». Ha bon (?), il en est sûr le monsieur, c’est mieux ?...
Bon, o.k : fini l’assurage du haut, à nous la «vraie escalade» !
Y’a pas de raisons, on a 24 ans, on est jeunes et motivés (!) :
on va s’y essayer.

Allez, GO ! C’est Jean-Marc qui s’y colle le premier.

Une voie sur un beau pilier blanc, cotée dans un 6- de l’époque (6-/6/6+...
sans doute un bon 6b+ d’aujourd’hui). Le nouveau «premier de cordée» évolue
pas à pas, et moi, l’assureur, je trouve la corde bien raide pour donner du mou
dans le descendeur.

C’est un peu le bordel...

Chute du leader !!

Houuu: je tiens fermement la corde mais glisse sur plusieurs mètres
sur les graviers de la vire. Ouf, tout va bien, c’est «notre» première chute
et Jean-Marc ne s’est pas fait mal.

Un autre jour, c’est moi qui suis en tête. Je suis à la peine : j’escalade l’une des
«Demoiselles de Meuse», à St Mihiel, à une centaine de kilomètres de Nancy.
C’est une belle tour de calcaire (il y en a six), sans beaucoup de fractures, lisse,
ronde, où il n’y a que des petits trous pour servir de prises.
C’est super dur (!).

Même avec mes EB (Super Gratton) toutes neuves, j’ai bien du mal à évoluer
sur les seuls bi-doigts et monodoigts, qu’offre cette voie que l’on ne connaît pas.
Je m’arrête à chaque ancrage rencontré.

(A l’époque, le monodoigt représentait LE MUST de l'escalade (!) : quand on parlait
de monodoigts dans une conversation : les visages s'éclairaient (!)...)

Mais là, y’a vraiment un problème :
au dessus, je repère un «machin» en ferraille pour mettre le mousqueton
(pas de «dégaines» pour notre cordée : elle n’a pas le sou !), je monte,
m’en approche... quelle horreur (!) : c’est un petit collier que l’on utilise pour fixer,
au mur, les tubes de cuivre !! Deux demi ronds reliés par une petite vis
de chaque côté (!)... ça va pas le faire !
C’est pas costaud çà !!

Houuu... kesss on fait dans ces cas là ?

Bon, faut redescendre. J’ai une idée : on n’a qu’à laisser LE mousqueton en acier.
Un mousqueton que j’avais réussi à dissimuler à un militaire, avant de le lui chaparder
après son départ (de l’antimilitarisme primaire, mais bon pour NOTRE cause de
grimpeurs débutants). De toutes façons, il est trop lourd : on ne s’en sert jamais.

Le seul gros problème, c’est que je suis accroché à une douzaine de mètres,
et que Jean-Marc est obligé de me lâcher : les affaires sont plus loin (!)...
Mais bon, la cornière a l’air de bien vouloir supporter mon poids (je suis tout maigre)...
donc...

Jean-Marc trouve l’objet dans LA valise. C’est vrai : je suis un drôle de zèbre :
alors que tout le monde utilise un sac à dos, moi, je trimbale mon matériel de varappe
dans une petite valise (!?)...

Bon, après une manœuvre un peu délicate, les deux gaillards sont maintenant
tous les deux au sol / le cul dans l’herbe / sains et saufs.

Pouuuuf. C’est compliqué La Varappe.

Après ces premières expériences d’escalade en tête, ses chutes, ses échecs,
ni Jean-Marc ni moi ne se souvient sur les conseils de QUI (?), on a changé
radicalement d’attitude... et surtout de matériel !!

------------

Si nous récapitulons, les deux zigotos que nous étions,
ont commencé à faire de l’escalade avec :

---pour toutes dégaines : des mousquetons qui restent ouverts (la barrette se coinçait
sur le côté, pour on ne sait plus quelles ingénieuses raisons mais ça nous avait plu :
on en avait volé une bonne demi douzaine !) ;

---des baudriers en ceintures de sécurité, fixés sur les hanches, plus bas que le nombril,
(bonjour les risques de retournement) et fermés par un mousqueton à vis...
barrette en haut (!) ;

---une corde spéléo. Une STATIQUE donc : la «blanche» était moins chère que les autres
(ni Jean-Marc, ni le vendeur, ni les quelques grimpeurs de Maron ne semblaient en connaître
LA différence avec une VRAIE corde d’escalade : DYNAMIQUE ) ;

---un encordement réalisé par une queue de vache -le seul nœud qu’on savait faire-
di-rec-te-ment attachée sur la barrette du mousqueton à vis !!#@% ;

---et souvent, sur du matériel fixe... prévu pour de l’artif !!

... ... ...

Nous sommes aujourd’hui en 2005, Jean-Marc et moi-même sommes toujours en vie
(et nous espérons qu’à la lecture de cette petite histoire, TOUT LE MONDE peut,
doit (!) crier au miracle !) / nous habitons depuis 20 ans dans le Sud de la France /
nous faisons toujours de l’escalade / et nous avons -à nous deux- 94 ans passés !

Et si Jean-Marc, souvent et trop longtemps blessé, n’a pas pu énormément progresser,
moi, j’ai tout de même réussi à flirter -à une époque- avec le 8c...

--------------

Faites attention à vous (!), et intervenez, TOUJOURS, quand d’autres semblent
pouvoir se mettre en péril... par leur attitude, par le matériel qu’ils emploient
ou leur façon de l’employer !

L’escalade est un jeu... qui peut très vite très mal tourner (!).


Bonne grimpe (!).


Pierre Rouzo...
et Jean-Marc Lallemand :

«On est allé voir un film sur Rebuffat et on a discuté avec lui.
Je me suis même fait virer de (mon boulot de régisseur) (à) la «Comédie de Lorraine»
à cause du film de Giani sur Patrick Berhault, je devais travailler un soir
et j'y suis pas allé. Je regrette pas.»

(Superbe)

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De Martine, la femme de Jean-Marc (à pierre) :

«elle est bien vraie ton histoire mais il y a une chose que tu as oublié de mentionner :
les soirées que vous avez passées, tous les deux, à discuter sur l'escalade, les machins,
les choses, etc... alors que nous étions jeunes et belles
et en attentes d'occupation !!!!!!»

--------------------

Tout est dit... sur les débuts d’une passion (!)


Texte publié sur le forum escalade (C2C)

.   
©Pierre Rouzo
la falaise de Saint Mihiel : ce doit être Pierre qui grimpe sur la photo

(Photo très aimablement envoyée par "Osonvosges".)



© on cherche toujours l'auteur de cette photo !?..on aperçoit "la valise"


pour revivre avec lui  ses débuts de chroniqueur:
ou passer directement aux photos suivantes


Il était une fois, mon tout premier texte sur la question...

Auteur: Pierre Rouzo                                                             date:
sam 03 déc 2005 19:30:00 CET

A une époque (attention : c'est loin), Serge Jaulin m'avait demandé
de rédiger un texte sur l'escalade, pour "illustrer" une nouvelle
rubrique de Vertical : "Chef d'œuvre" (tout un programme !).
Las, le premier intervenant n'était autre que le très célèbre
Jean-Pierre Bouvier, qui, lui, décrivait l'ascension
réussie de l'une des voies qu'il avait équipée... une voie
complètement POURRIE DE SIKA (visible sur les photos) !!

"Chef d'œuvre" (??)… la rubrique commençait bien #@&%

J'ai donc rédigé mes petits souvenirs à moi,
mais deux ans après l'événement…
heu... en 1992... (je sais : c'était au siècle dernier) (!).

Hélas pour moi, le sujet a été refusé.
Vous verrez, c'est sans aucun doute à cause de la fin...
A l'époque, "la mouche" (J.P. Bouvier) avait quelque amitié avec

un très très célèbre membre de la rédaction...


Attention, c'est un peu long. Si ça vous gonfle,
n'hésitez pas à passer à autre chose.


Pierre




C'est un dimanche matin, il est à peine 9h00 et le téléphone sonne. Celui qui me réveille s'appelle Serge Jaulin. Ce monsieur travaille régulièrement pour Vertical et me fait l'honneur, à moi, Pierre Rouzo, de me demander de bien vouloir illustrer une nouvelle rubrique du magazine :
"Chef d'œuvre" ça s'appelle.

Flatté, extrêmement étonné, puisque cela fait maintenant une bonne décennie
que Jaulin/Rouzo ne peuvent guère se sentir (pour des raisons très moyennement
élucidées bien sûr), je bredouille donc - sur le moment - une réponse évasive...

Mais bon, la conversation est courtoise, et comme je ne suis pas insensible
à l'idée de voir ma tronche un jour imprimée dans un beau magazine,
j’en accepte le principe...

Le jeu consiste à parler d'escalade (ça n'est pas une surprise), de
l'équipement d'une voie et surtout (ce que je ne trouve pas totalement
idiot), de la réalisation d'une voie que l'on a soi-même équipée... et tant
qu'à faire - vu le nom de la rubrique - peut-être pas de la plus laide.

“Pas forcément la plus dure", me rassurait, tout de suite, ce chroniqueur
de Jaulin lorsque je lui expliquais qu'en ce moment, j'étais plutôt "7b taquet"
car j'équipais systématiquement tous les week-ends...

Mais bon, tous mes copains vous le diront : ma voie à moi,
et mon plus beau souvenir, c'est "Biotop".
C'est dur, c'est beau, et s'il vous plaît de m'en entendre
parler, allons-y pour Claret, mais deux ans en arrière.

… … …

Avec Hugues, le rasta Beauzile, nous avons dû passer trois jours entiers
à batailler pour équiper ce toit magnifique...
Une ligne grandiose que l'on s'était réservée pour la fin.
Pour la fine bouche.
Car cela faisait maintenant 6 mois, que lui et moi étions dans les
toits alentours. Avec chacun son petit chantier à nettoyer, à équiper / chacun
sa nouvelle voie à essayer / chacun son petit nom “perso” à inscrire d'une belle
écriture une fois que les broches étaient enfin scellées.

Que des voies superbes, dictées par le caillou comme le sont "Faux plafond"
(à moi), "Makossa" (à lui), "Abri-bus" (à moi) ou "Anti-G" (à lui).
Des voies que l'on se disputait presque et qui, j’espère, inscrivent encore
de beaux souvenirs chez tous ceux qui s'y attaquent...

Mais là, cette ligne, cette grande diagonale bien visible du bas
qui file juste au dessus des stalactites...
tous les deux - bien sûr - en rêvions comme des fous.
Celle là, nous savions - déjà - que nous l’équiperions ensemble !

Aux vues des chantiers alentours, nos petits camarades s'étonnaient
qu’elle ne fût pas encore équipée...
Pardi : s'attaquer “à çà”, représentait forcément un boulot énorme.
LE chantier de Claret.

Et lorsqu'au premier jour, sous mon marteau, le gros baquet inversé
de la sortie du toit a fini explosé en bas...
Hugues m'a regardé d'un sale œil.
Il était allongé loin devant, suspendu à un crochet minable, en train de tisser
une véritable toile de cordes fixes pour la mise en chantier.
"Tapes pas si fort, tu vas tout démonter !"

Damned. Avec cette prise en moins, c'était même plus du 8c, c'était pire !
Après "Guère d'usure" et "Elzévir," allions nous, une nouvelle fois, ouvrir
une voie bien trop dure pour nos capacités ?

... ... ...

En essayant du bas et les dégaines au cul, ça nous a vite semblé costaud.
Voire même rédhibitoire pour une partie du toit : trois bons mètres,
qui vraiment ne voulaient pas nous laisser faire.

Le mur du bas cotait déjà 7c, un repos magique venant juste après.
Et là, derrière la nuque, ces douze mètres d'avancée...
Une sensation horrible !

En tout, une cinquantaine de mouvements, dont une trentaine de bien durs,
et trois ou quatre que l'on n'arrivait même pas imaginer !

Diable !

Tout le reste "faisait" proprement, et déjà l'enchaînement paraissait
diabolique. Alors, avec ce crux - en plus - qui nous résistait méchamment...
ça commençait à nous laisser rêveurs (et surtout, à faire ricaner
autour de nous sur nos folies de grandeur)...

Pendu au bout de la corde, et après trois ou quatre tentatives de mise en
pratique de théories farfelues sur des jetés à l’horizontale, j’observais
- avec dépit - mon impuissance à trouver une quelconque solution.
Complètement dégoûté de la vie, en en voulant au monde entier
(j’ai mauvais caractère), j'allais abandonner lorsque le jeune Beauzile
se mit à s'énerver. "Il faut coincer", me dit-il.
Il est bon lui, et je coince quoi moi ?

Et voilà le rasta en pétard, qui se lance à l'assaut de cet espèce
de crux en forme de dos crawlé aléatoire...

Après 20mn d'efforts, rusé comme le renard et têtu comme la mule,
celui-ci réussit - effectivement - à coincer "quelque chose" pendant quelques
secondes : son 44 de pointure gauche... et puis plus rien.
"A toi de faire le reste" me murmura-t-il comme ça, assis dans la poussière,
encore sanguin jusqu'aux oreilles.

Bon d'accord : à mon tour.
Mais je suis sûr que cette sorte de “fissure” évasée ne va jamais vouloir
de mon 41 de pompes de ville, moins les trois que je m’impose
pour l'escalade...

Jamais !
Et puis surtout, rien n'est vraiment résolu : il reste deux mouvements
affreux pour y rentrer, et deux jetés sordides pour en sortir...
de sa jolie trouvaille !

Bon, allez, j'y vais.
C’est bien simple, mon pied ne tient qu’une fois sur dix !..
Et encore, ça n'est que le lacet qui sert vraiment à l'adhérence.
Bien, pas de problème me dis-je : je fais comme les pros :
je change de pompes.
Je garde, pied droit, ma vieille pantoufle fétiche, et pied gauche, j’enfile
une sorte de super babouche fluo, qui offre l'avantage d'avoir été
bizarrement conçue, au point quelle porte - sur le dessus - un gros "platra"
de gomme.
Exactement ce qu'il me faut...
Ainsi chaussé "bigare", je repars à l'attaque sous les quolibets des
demi-pointures restées au sol.
Mais ce que ne savent pas ces moqueurs du dimanche, c'est que je suis
un vrai teigneux, et que cette voie je l'ai tellement rêvée, que je vais leur
montrer, moi, comment ça passe.

Ce film, c'est pas "Trop belle pour toi" c'est..."Putain, con, ça va chier !"

Et ça marche. J'arrive dans le pas complètement asphyxié par un mouvement
terrible dans une apnée totale (je suis franchement desservi, il faut bien
l'avouer, par l'abus quotidien de la gauloise sans filtre !), met le pied
au bon endroit (on se croirait dans une dalle, tellement le caillou est près du pif !)...
et ça tient.

Enfin, une fois sur huit. Il y a donc du progrès.

Quand ça a tenu, j'ai même réussi les jetés. Le premier n'est pas vraiment
extrême mais le deuxième est total : on arrive sur un plat et le baquet est
derrière. Il faut alors re-jeter d'un petit bond d'à peine 3 cm.

Superbe.

C'est tout con la varappe : il n'y a qu'a empiler les nouvelles découvertes
avec le reste et le tour est joué. Fastoche.
Y'a plus qu'à.

Hélas, au bout de 10 essais, ça ne marche toujours pas : à chaque fois que
j'arrive très motivé du bas, ce satané pied gauche refuse de coopérer.
Par contre, après la chute, dès que je réessaye d'où je suis, ça marche.

C’est chiant : ça devient pénible ce problème d'adhérence dans ce toit
pour gros bras !

Heureusement que Lucien, lui qui m'assure à chaque fois, ne se lasse pas
de me voir gambader au plafond sur cette ligne magistrale.
Sinon, la hargne m'aurait quittée.

Le vieux bonhomme, qui s'inquiète maintenant pour ma santé mentale,
me conseille gentiment de travailler le reste... "si des fois ça passait"
(j'adore ce conditionnel !).
Que dalle ! j'ai deux dégaines au cul, les autres sont en place jusqu'au
crux, et le reste, le reste... Je sais pertinemment que c'est encore très
dur, mais je l'ai fait une fois, à vue, et si un jour ça passe, faudra venir
m'arracher des prises pour que je tombe avant d'avoir embrassé
cette satanée chaîne d’un relais que j'ai moi-même posé !
Nom de Dieu, ça va chier !

Et ça chie.

Le jour J, je fais carrément de la dyslexie gestuelle, croise au début
du toit sur les inversées bi-doigts... complètement à l'envers !
Et l'erreur m'est signifiée par une douleur cinglante, dans l’avant bras,
que je connais très bien : c'est une élongation.

J'en fais part à Lucien (comme quoi il n'est pas interdit de papoter dans
du 8) et poursuit, sous ses encouragements, mon bonhomme de chemin...
mais hélas complètement démoralisé.

J'arrive au crux, je “coince” le pied, je jette une première fois, une
deuxième, choppe le baquet, tire le mou (pour la toute première fois à cet
endroit précis !), m'apprête à mousquetonner à l'horizontal... et réalise
soudain, que ce fameux pied gauche qui m'a longtemps posé problème,
peut très bien, dès cet instant, décider de ne plus adhérer à ma cause.

Lucide, je me met donc à faire mon Patrick Edlinger, me pends par un seul
bras (le baquet n'a qu'une place), avale le mou et... hélas, moins musculeux
que mon maître vénéré, tourne sur moi-même avec le mou dans la bouche
et me retrouve maintenant avec la dégaine placée derrière les oreilles
(je peux même voir de face, en contrebas, Bérardini qui s'inquiète) !

Mais je l'ai dit, si ça passe, ça va chier !

Et comme je suis passé, je bricole maintenant comme un dieu,
randonne carrément dans des postures atroces pour la santé des genoux,
fournis - de-ci de-là - des efforts à vous dégoûter des sorties en plein-air,
vais même jusqu'à jeter pour le simple plaisir, et pour enfin atteindre
la chaîne, zippe d’un pied dans un trop plein de bonheur...

Je viens de réussir "Biotop" !
Loin à gauche sur la falaise, les copains me congratulent déjà par des cris
et des gestes. Loin sur la droite, d'autres copains me congratulent encore
et de la même façon...

La vie est douce.

Et tout ce joli monde - bien évidemment - se retrouve peu après attablé,
au bistrot, où j'ai mis au frais le champagne d'occasion !
Car “chez-nous”, il y a une tradition qui ne doit pas se perdre : on paye son
coup, le jour où l'on a réussi les choses auxquelles on a beaucoup tenu...
C’est comme ça. Et c’est bien.

Et ce jour-là, nous étions une trentaine à disputer les chaises aux buveurs
autochtones dans LEUR café des sports !

J'ai adoré ce jour.

Un mois d'abstinence me fut nécessaire pour oublier l'élongation.
Mais je n'ai pas eu beaucoup de mérite car j'étais tranquillement assoupi,
par un bonheur tout bête, le cul bien installé dans un fauteuil tout en feuilles
de lauriers...

Juste avant l'élongation !
© Jean-Marc Lallemand


La "fameuse adhérence" du pied gauche... Et bien regarder la position de la dégaine à gauche, pour bien comprendre le mouvement du RE-jeté dans le bac "à une seule main"... juste avant de "faire mon Patrick Edlinger" #@&%o)))
© Jean-Marc Lallemand

Il est très difficile de décrire ce genre d'émotions fortes. Il n’est pas
facile - non plus - d'expliquer ce que l'on éprouve à cogiter une ligne
dès que l'on voit du caillou, de faire partager ses folies, ses doutes et les
peurs que l'on se fait, lorsque, enfin, on se décide à équiper.

Grimper dans "ses" voies pour les toutes premières fois est toujours un régal.
Et si parfois, j'équipe çà comme un con (puisqu'autrefois j'ai même taillé des
prises / honte sur moi !), par précipitation souvent mais par passion toujours,
jamais, je ne ferai ce qui a été fait : bricoler des prises au sikadur, sur le rocher,
alors qu’on a les même à la maison - reproduites à l’identique - pour s’entraîner
à l’enchaînement... dans la nature !

Ca a quelque chose d’assez putride qui va jusqu'à pourrir le joli mot
d'"insoumission".

A vous qui confondez prises en résine et rochers millénaires, sachez que
dans "Biotop", toutes les prises sont naturelles, et que le seul sika employé
sert à tenir les broches !

Et c'est en toute modestie que j'équiperai, demain, une voie dont la
cotation sera uniquement dictée par la nature et que je nommerai ainsi
pour le simple plaisir : "Tue-mouche".

Un dernier mot à propos d'équipement. Gloire à ces pseudo-poètes qui
se touchent le pistil en parlant de "chefs-d'œuvre" lorsqu'ils parlent
d'ouverture. Gloire à ceux qui se prennent pour des peintres lorsqu'ils
signent d'un petit nom ronflant le bas des voies qu'ils finissent
d'ouvrager, qu'ils sachent quand même - car ils l'ont oublié - que la seule
œuvre maîtresse est tout simplement la nature. Et que l'intervention de
l'homme n'est que basse besogne.
Nous ne sommes pas beaucoup à équiper des voies et aucun d'entre-nous
ne devrait être payé pour le faire. Mais que les grimpeurs consommateurs
gentiment dorlotés, sachent aussi qu'équiper est un boulot énorme,
éprouvant et dangereux -effectué de manière totalement gratuite et
désintéressée - et que le seul moyen d'équiper ailleurs (toujours et encore ?)
pour le plaisir de tous, passe par la simple vente des topos (qui représentent
- eux-mêmes - un travail important).

Sachez maintenant qu'à Claret nous ne tolérerons plus les photocops du nôtre.
Qu'il ne coûte que le prix d'une mauvaise dégaine et que son achat
n'est pas obligatoire !

Et que s'il ne vous plaît pas, vous pouvez toujours - facilement et sans problèmes
- vous en bricoler un bien à vous... même en pompant le nôtre !
Mais ne photocopiez pas le travail des autres !

Attention : celui que nous proposons n'est plus d'actualité : il manque en effet
une voie que Hugues vient d'équiper et qui s'appelle (sans déconner)
"No photocop". Une voie que vous pouvez tout de suite inscrire dans la colonne
des gros 6... des très très gros 6 même...

Un "chef d'œuvre" de mauvaise foi.


Voilà, désolé : ce texte a plus de dix ans, et s’il a été refusé...
c’est sans doute - aussi - qu’il n’était pas bien terrible.
Mal écrit sans doute.

Depuis, les jeunes forts on trouvé une superbe variante qui supprime
le problème rencontré au début : elle offre une belle envolée en parfaite
adéquation avec le reste de la voie.
C’est encore plus beau et moins aléatoire.

Depuis (encore), de jeunes martiens l’on faite à vue !

J’aime l’escalade, CETTE escalade :
sur le rocher, dans son état naturel...
et dans la nature.


Au revoir.

Pierre


Texte publié sur le forum escalade C2C en octobre 2004

pour revivre avec lui  ses débuts de dessinateur:

Mon poids en bonbons.
Auteur: Pierre Rouzo                                                             date:
24 septembre 2006 Forum C2C

Un jour, quand j'étais petit, Jules,
l'un de mes copains de classe,
m'a prêté ses crayons de couleurs
(les vieux, car il avait eu une nouvelle boîte
pour Noël : une grande : la 52 couleurs !!!)…

Je dessinais pas trop en couleurs,
mais là, j'ai essayé sur du beau papier…
du tout blanc, sans carreaux.

D'abords, j'ai commencé à crayonner en prenant
mes jouets pour modèles, mes autos,
mes petits soldats…
Puis après, j'ai dessiné des vrais gens :
ma grand mère, mon frère, ma sœur,
mon papa… et Maman aussi.

Maman me disait que tout ce je dessinais était joli…
Tout le monde me le disait… Que c'était bien,
qu'il fallait que je continue…

Je dessinais maintenant tout le temps !
Les crayons de Jules étaient devenus tout petits.
Pas tous : il y avait des couleurs que je n'aimais pas trop…
Mais le orange par exemple, il était vraiment tout petit !
Maman m'avait dit : "Quand tu n'arriveras plus
à tenir le orange, on t'achètera une boîte".
---"Chouette ! La grande (?) la 52 couleurs ?…"

Ma mère n'avait pas répondu.

Et puis un jour, Madame Lucette, la voisine d'à côté,
a apporté à Maman un article découpé dans le journal :
Le Magasin Prisunic, celui de la rue du Général Leclerc,
à côté des PTT, organisait un concours de dessin !
Il fallait dessiner toute une cour de récréation…
Avec des enfants qui jouaient dedans !…

Puuuh… çà, c'était dur !… pleins d'enfants dans la cour…
avec les arbres, le préau et le Maître qui surveille
en fumant sa pipe… Je ne savais pas si j'y arriverai…


Mais je me suis lancé… sur une grande feuille
de papier, épaisse. C'était marqué dans le règlement !
J'en n'avais qu'une : il ne fallait pas que je loupe mon dessin !…

Mais je n'avais pas trop peur de le louper : pour un autre dessin
que le Maître nous avait donné à faire, "Un train arrive en gare",
j'avais eu une bonne note : le Maître avait remarqué
que je n'avais pas dessiné les yeux, les nez, les bouches,
les oreilles des gens qui attendaient le train sur le quai…
parce que, avait-il dit tout haut, devant toute la classe :
"De loin, on ne distingue pas les traits des visages."
J'était fier d'avoir trouvé tout seul ! :-)

Pour le concours, je me suis appliqué : j'ai fait plein plein
d'enfants en train de jouer, j'ai dessiné la grille, un camion
de poubelles qui passait dans la rue Jules Ferry…
la cloche de l'école, et même la pendule avec l'heure
EXACTE de la récrée !…

En voyant le résultat, Maman m'a tout de suite dit
que j'avais toutes les chances de gagner le premier prix :
MON POIDS EN BONBONS !!!
Que j'avais toutes les chances, mais que c'était pas sûr,
quand même…

Il fallait rouler son dessin, l'attacher avec un joli nœud,
et le déposer au magasin, au rayon bonbons !…
Quand je suis arrivé devant la dame des bonbons,
j'était tout tremblant… comme si j'avais la fièvre…

On n'était pas loin des vacances, mais j'ai passé
les trois semaines les plus dures de ma vie !!…
Il fallait attendre TROIS SEMAINES pour savoir
qui avait gagner le concours de dessin !!!

Je ne pensais qu'à çà !… Je n'arrivais même plus à jouer…
Et je mangeais, je mangeais… mais Mère l'avait bien vu :
je voulais grossir au cas où je gagnerais le concours…
LE PREMIER PRIX : MON POIDS EN BONBONS !!!…
Mais j'étais prévenu : je n'aurai pas tous les (mes) bonbons
dans ma chambre ! C'est Maman qui m'en donnerait…
quand elle le déciderait !…

En attendant, elle se moquait de moi.
Tout le monde à la maison se moquait de moi (!) :
"Mais arrête donc de manger, tu n'as jamais grossi, Pierre !!"
Tout le monde rigolait ! Et c'est vrai que je ne grossissais pas !…
Et quand la pharmacienne a dit à Maman que je venais me peser
-tous les jours- sur la balance de la pharmacie…
tout le monde a hurler de rire, à la maison !
Je suis même devenu tout rouge…

Mais je m'en fichais : j'avais trouvé une (autre) super idée (!) :
non seulement j'avais prévu de monter sur la balance
du Prisunic -au cas où je gagnerais bien sûr-
avec toutes mes billes dans les poches !…
mais surtout avec les Pafs ! Les plus lourds :
les Pafs en acier !!!

Pendant ces terribles trois semaines d'attentes,
j'arrêtais pas d'essayer d'en gagner des gros Pafs :
j'ai même perdu presque toutes mes billes en verre pour çà…
On me prenait pour un stupide, mais personne ne savait
que c'était moi le plus malin !

N'en pouvant plus d'attendre, à deux jours du résultat final,
j'étais allé au magasin au cas où ils auraient déjà affiché
le nom du gagnant… enfin, DES gagnants,
puisqu'il y avait plusieurs prix…
En regardant la balance pour peser les bonbons,
je me suis dit qu'il n'allaient pas nous faire monter dessus…
qu'ils allaient en sortir une bien plus grosse !…

Je me suis dit aussi, que vu qu'il y avait un règlement…
peut être qu'ils allaient fouiller les poches de celui qui allait
monter sur la balance !!?… Et que si c'était moi, j'allais
devenir tout rouge, devant tout le monde, avec tous
mes Pafs dans mes poches !…
Ils n'allaient quand même pas peser le gagnant tout nu ???…
Si c'était moi, je voulais pas être tout nu devant tout le monde…
même pas en slip ! Je renoncerai donc à mon prix !

J'ai donc changer de ruse !
Plus malin que moi, je ' connais pas encore…
Les Pafs, c'était de la triche… bon… mais boire
plein plein d'eau, juste avant d'aller dans le magasin
pour se faire peser (!!!)… c'était pas de la triche !
Personne le saurait !

Le problème, c'était d'arriver jusqu'au magasin
sans faire pipi… c'est vachement dur de marcher
avec le ventre tout gonflé !…
Tant pis, il faut essayé quand même !!

Le jour du résultat, tous les enfants qui avaient fait
un dessin pour le concours, étaient convoqués
à la même heure… au rayon bonbons !…
Je n'ai jamais tremblé autant. J'avais même
de la sueur sur le front…

Pour venir, j'avais le ventre tout gonflé et je n'arrivais pas
à bien marcher tout droit sur le trottoir (ma mère
me regardait d'un air inquiet mais ne m'a pas posé
de questions… peut être qu'elle avait deviné ma ruse…)
Même en marchant un peu courbé, j'ai jamais pu arriver
jusqu'au Prisunic !… Il a fallu que je fasse pipi
dans le terrain vague, juste après le salon de coiffure
de mon grand père !…

Bah… tant pis, ça ferait quand même pas mal de bonbons !
Les ruses, des fois ça marche, des fois ça marche pas…

Quand le Monsieur du magasin a donner le nom
du gagnant dans le micro… j'avais plus d'eau pour pleurer.
Heureusement, sinon je serais devenu tout rouge de honte…

J'étais deuxième !


En plus, le premier, c'était le gros René !
Celui que j'aimais pas ! Il me tirait souvent les cheveux
parce qu'il disait que je ressemblais à une fille…
Il m'a même craché dessus un jour !

Beurk ! Le gros René… il a plein de bourrelets
et son dessin est même pas beau !!
Je suis sûr qu'il a triché ! Sa tante travaille dans le magasin,
au rayon des parfums pour les dames…
c'est elle qui a triché !!!

J'étais dégoûté… je voulais plus JAMAIS dessiner !

Je suis rentré en traînant ma guirlande
de sucettes sur le trottoir…
Le deuxième prix : une guirlande de sucettes
que j'aime pas trop en plus… puuuff…

Et évidemment, à force de faire l'imbécile
en traînant ma guirlande par terre, vu que c'est sale…
j'ai pris une beigne !!…


J'ai voulu rendre les crayons à Jules,
mais Jules n'en voulais plus !…
Je ne savais pas quoi en faire… j'aurais pu les donner
à ma petite sœur, à quelqu'un d'autre, dans la classe,
qui n'en avait pas beaucoup… mais je les ai jetés.
Je les ai jetés dans la grande poubelle de Mr Roger,
l'épicier en bas de chez nous…

J'aurais peu être pas dû…
J'y ai pensé longtemps et j'ai souvent regretté…


Après, ça a été les vacances…
mais j'étais vraiment
dégoûté…


pierre hazebine rouzo deuxième…


-----------------
Il y a quelques années,
le bon copain Pascal m'a prêté…
ses tubes de couleurs ! :-)

J'ai essayé de peindre…
mais c'est pas terrible non plus…
J'ai arrêté la peinture…


pierre





© Pierre Rouzo
Le coup de crayon, les détails, tout Pierre... (et le Père Noël est déjà très mince dans son esprit)
-document très gentiment scanné par le Père de Pierre-


pour revivre avec lui  ses débuts avec les filles :

ou passer directement aux illustrations suivantes
J'ai bien failli ne jamais faire d'escalade
Auteur: Pierre Rouzo                                                             date:
automne 2006 Forum C2C


D'un côté, j'aime bien les vacances,
et de l'autre… j'aime pas trop…

J'aime bien, parce qu'on peut faire tout c' qu'on veut…
On n'a pas de devoirs, on peut se coucher plus tard, on peut aussi regarder la télé,
jouer à c' qu'on veut… on peut courir partout et rigoler toute la journée !
Même tout fort, on peut rigoler !

(Pareil que pour quand on fait des bêtises, en vacances c'est moins grave.)

Là où j'aime plus trop… c'est à la fin des vacances.
Surtout les grandes…
Parce que les vacances, c'est comme pour la récrée : ça dure jamais tout le temps !…
Au bout d'un moment, y'a la cloche qui sonne, et on doit se mettre
en rangs par deux pour rentrer en classe…

--------------
Ce jour là, j'ai pas entendu la cloche !
--------------

En fait, c'était pas la récrée, c'était la rentrée du vendredi matin…
C'était en octobre, c'était bientôt mon anniversaire, et cela faisait presqu' un mois
que nous avions déjà fait la rentrée ! Y'en avaient même qu'avaient pleuré.
Moi non : j'ai plus peur : j'aime bien les vacances…
mais j'aime bien aussi l'école.

J'avais retrouvé les copains… enfin les copains… les autres,
pas Michou, Momo et Fil de fer… nous on se voit tout le temps :
on habite le même HLM et on vient à l'école ensemble…
Non, les autres : Nico, Yvan, Boris et Méro !

Dans notre classe, il n'y avait pas eu de nouveau…
Enfin si… mais c'était une nouvelle : Paula, qu'elle s'appelait.

Moi, je l'ai tout de suite appelée "Grand' Paul" !…
Pourquoi Grand' Paul ?… je ' sais plus… … Si (!) : elle avait les cheveux court,
avait un fichu caractère… et surtout, elle était plus grande que moi !

On aurait dit un garçon : on ne pouvait même pas lui tirer les cheveux
-même pour rigoler- sans se prendre aussitôt une beigne !

Pareil pour les blagues ou les bêtises qu'on pouvait lui dire…
Bing : elle répondait -direct- en parlant tout fort, avec des fois des mots
qu'on ' comprenait même pas !?…

En tous cas… pour une fille, y'avait plus beaucoup de garçons pour l'embêter autour :
Fil de fer était devenu tout rouge quand Paula lui avait dit un mot dans l'oreille,
Michou avait pris un grand coup de tatanne dans le tibias…
et Momo avait perdu au bras de fer, contre elle,
ET devant tout le monde !!…

Moi, je continuais -fièrement- à toujours la braver en l'appelant Grand' Paul…

Mais je savais, qu'elle savait, que c'était pour de rire (!) :
un jour, je lui avais mis -dans son cartable- un dessin que j'avais fait d'elle…
avec moi à côté… mais en beaucoup plus petit !…

Elle avait bien ri, et m'avait répondu en glissant un petit mot dans ma trousse…

------------
Avec les filles, devant tout le monde, c'est pas facile : si t'es trop gentil,
on se moque de toi en disant que t'es amoureux (!?)…
Si t'es trop méchant, on te dit que t'as pas le droit, parc' que c'est qu'une fille !…

Poouuuuh…

Avec Paula, c'était plus facile : elle était bien assez grande
pour se défendre toute seule !…
------------


Mais lorsque le gros René m'a dit qu'il avait vu sa culotte… là, j'ai pas aimé !
Quand il a juré qu'elle était rose… je ' l'ai même pas cru (!) : nous, les garçons,
on n'a pas -que- des slips bleus !!(?)… Y dit n'importe quoi le Gros René !
(N'importe comment, je l'ai jamais aimé le gros René ! )

En plus, c'est vrai que j'avais déjà remarqué que Paula avait l'habitude
de faire un drôle de manège… elle tournait sur elle même, vite-vite-vite-vite
avec son cartable au bout du bras !…
…et sa jupe se soulevait…
des fois…


Ce jour là, je me suis approché…
trop près ?… est c' que quelqu'un m'a poussé ?… est c' qu'elle l'a fait exprès ?…
Je ' sais plus… je ' sais même plus si j'ai eu mal, parc' qu'après le choc,
j'ai vu plein d'étoiles et je suis tombé dans les pommes…


… … …


Quand je me suis réveillé, j'étais dans les bras de Madame Claudine…
L'infirmière de l'école… haaaaa… il faudra qu'un jour
je vous en parle de l'infirmière de l'école !…


En attendant, les premiers jours, ma quéquette était toute bleue…
Après, elle est passée par toutes sortes de couleurs…
et à la maison, tout le monde se moquait de moi…
et moi j'étais tout rouge… sans pouvoir rien dire pour me défendre…

Je suis rentré que le vendredi suivant…

:-)


pierre
-------------------------------
Quand on a repris l'école après les vacances de Noël,
on a trouvé un grand " truc " sous le préau…
un mur d'escalade qu' i's ont dit !…

On n'avait pas ' droit d'approcher…

p.

© Pierre Rouzo








Mais comment résumer (et pourquoi le faire) la vie d'un homme tel que Pierre,
on ne résume pas Pierre, on l'apprécie ou on le fuit
mais on ne le comprime pas sur une page !!!

Pourtant, pour le garder encore un peu
j'ai essayé de rassembler ces photos et ces textes
mais il faudrait encore…..

- dresser l'immense liste des voies qu'il a équipées,

- évoquer ses multiples interventions sur les forums d'escalade où il s'amusait beaucoup.
Dialogues savoureux, humour à fleur de lignes… de grands moments…

- retrouver plus de photos pour se souvenir de sa grimpe féline
et plus de dessin et d'affiches pour admirer encore son talent de dessinateur-caricaturiste-graphiste,

- sourire de ses farces et de ses bons mots,

- parler de son fichu caractère…

- ne pas oublier tous ses Amis dont il parlait avec tant de chaleur et de passion…










Mais Pierre ce fut aussi le courage et l'humour face à la maladie:
un montage photographique qu'il réalisa le premier jour de sa chimiothérapie



ma réponse imagée, suite à son récit de sa première radiothérapie...





Son perfo, qui fut celui de Hugues Bauzille, qui servit pour équiper tout Claret, Saint-Bauzille et bien d'autres voies.
Pierre y tenait beaucoup, il l'a légué aux jeunes équipeurs qui à sa suite  vont  continuer à équiper  de belles  voies,  propres,  naturelles
des voies "blanches" comme il se plaisait à les appeler...






Mais "le crabe" eut raison de lui...

les personnages de Pierre mis en scène par mes soins, pour un Adieu... © Mu


Les trois oliviers de Claret, en hommage à Lucien, Hugues et Pierre.
© Mu

Adieu Pierre, et merci !
merci également à Claudine et à leurs amis...

Spider, le jour de son adoption , il quitte Claire pour rejoindre le sac de Pierre.
  Quelques jours plus tard....Spider, en action, pour l'étude des ombres
© Mu
© Pierre