Il
a été le parrain de ce petit site,
nous étions amis
Beaucoup de photos et quelques textes
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©
Pierre Rouzo
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Pierre
c'était aussi des textes savoureux,
pour
revivre avec lui ses débuts
en escalades:
ou
pour passer directement aux photos suivantes
Première
main
Auteur: Pierre
Rouzo
date: dim 12 fév 2006 19:52:41
CET
Jai découvert lescalade
en même temps que Jean-Marc.
Nous étions bons amis (nos femmes aussi dailleurs)
et nous nous connaissions
depuis cinq ou six ans. Nous habitions tous les deux
à Nancy, en Lorraine
(en haut, à droite), et ni lui ni moi ne faisions
de sport. Rien.
La toute première fois que lon a «grimpé»,
cétait en 1980, en novembre,
lors dune très très -
rare journée densoleillement quoffre
ce pays.
Air froid et sec, donc.
Christian,
un copain qui connaissait lactivité, nous
en parle un jour.
Il nous propose même de nous initier à
cette «chose», totalement inconnue
pour nous : La Varappe (?)...
Bon, soit, on peut toujours essayer... Zou : allez,
on verra bien.
Rendez-vous
est pris. Dans les proches alentours de Nancy, cest
pas compliqué :
il ny a quune falaise : Maron (!).
Enfin,
une falaise : une ancienne carrière désaffectée
dans un joli coin de verdure.
Un endroit, finalement très bucolique, au bord
de la Moselle.
Elle forme une petite barre de calcaire fracturé,
dune petite trentaine de mètres
de haut pour une centaine de large. Elle est coupée
aux deux tiers par une très large
et confortable vire, dans laquelle sont ancrés
toutes sortes de bouts de ferraille :
cornières, fers à bétons, fils
de fer... pareil dans les voies, plus des pitons.
Des militaires sy entraînent régulièrement
en surnombre, des pompiers aussi,
et le Club Alpin y organise souvent des sorties. Le
nom des voies est évocateur :
«la K2», «le dièdre jaune»,
«la fissure Rébuffat», etc.
Ce
jour là, et malgré le soleil, il ny
a pas trop de monde.
Moi, jaime autant : je napprécie
guère de «tourner ridicule» devant
témoins (!).
Christian a tout le matériel nécessaire
et nous donne maintenant les premières
consignes de base : comment grimper sur le rocher comme
à une échelle,
avec toujours trois points dappuis (??), comment
se servir du descendeur
pour assurer le premier de cordée, etc.
Et
cest parti : Christian évolue facilement
et grimpe rapidement jusquau «sommet».
Pas le temps, pour nous, les néophytes, dobserver
vraiment la gestuelle du connaisseur
et lemplacement des prises... Mais bon, «ça
à pas lair trop compliqué SON truc»
(!?).
Bon.
Cest au tour de Jean-Marc. Christian reste en
haut pour assurer.
Houlaaa, cest pas si facile, finalement : Jean-Marc
zippe des baskets et passe
un temps fou à tâter le rocher pour trouver
les prises...
Mais
bon, il arrive tout de même en haut.
Pareil pour moi : je ripe des galoches mais je men
sort.
Même pas peur. Jean-Marc non plus.
Par
contre, lorsque je suis arrivé sur la vire, jai
trouvé «un peu bizarre» que Christian
massure de cette drôle de façon :
debout, les pieds au bord du vide et la corde
par dessus lépaule (?)...
Mais
bon, cest lui le «pro».
Après
plusieurs autres voies, nous sommes vraiment enthousiasmés
(!).
Cest super «çà», descalader
! La varappe : ça nous plaît !
Ca
nous plaît tellement, que lon songe aussitôt
à sacheter nous aussi notre
propre
matériel. Las, les prix qui figurent sur les
étiquettes sont pour nous particulièrement
effrayants (!). Ca nous calme.
Cest lépoque où lon
est au chômedu plus souvent quà notre
tour.
Pas beaucoup de fric en magasin donc.
Quimporte,
Jean-Marc et moi sommes bricoleurs et je trouve des
astuces : on va se
confectionner un baudrier chacun, avec des ceintures
de sécurité... de bagnole (!).
Une partie a été cousue par un cordonnier
et ils se bouclent autour du bassin à laide
dun mousqueton à vis. Deux mousquetons,
bien entendu chapardés dans LE grand
magasin de sports. Je me suis bricolé -pour ma
part- deux plaques de métal (de linox),
qui rendent plus rigides mes piètres baskets
de ville.
Un gant de toilette me sert de sac à magnésie.
Ne
reste plus quà trouver la corde (Christian
nest pas toujours dispo).
Jean-Marc, peut être plus fortuné, mais
surtout, apparemment plus motivé que moi,
saute le pas : il sen achète une. La moins
chère : toute blanche.
Une sangle, un autre mousqueton à vis et un descendeur
plus tard
(tout ça chapardé, bien sûr), il
ny a plus quà.
Il
ny a plus quà... attendre un jour
sans pluie !
La
Lorraine, ça nest pas franchement le pays
de la varappe : quelques jours de soleil par an,
du trop froid en hiver, du trop chaud en été,
de la pluie ou du brouillard le reste
du temps, et surtout, pas de cailloux à des kilomètres
!
Mais «ça le fait» de temps en temps...
En
observant les autres grimpeurs, Jean-Marc et moi s'assurons
maintenant
«en moulinette» (le mot nexistait
pas encore), du bas, avec un 8.
Christian nous a blousés de sa crânerie.
Nous en sommes convaincus :
cest nul et surtout dangereux !
Cest
aussi lépoque où certains «vrais»
grimpeurs, peignaient certains pitons en jaune.
Ceux dont il était possible de ne pas se servir
pour la progression.
Nous, on fait comme on peut : quelques fois on sen
sert, quelques fois non.
Mais
on fait des progrès (!).
Et
puisque faire des progrès est encourageant,
on sentraîne maintenant chez nous.
Chacun chez soi : musculation, tractions, assouplissement...
Un peu de tout et un peu nimporte quoi :
après sêtre démonté
le dos, Jean-Marc
a arrêté les tractions lestées
dun sac à dos... rempli de cailloux
(!),
et moi, jai laissé tombé le
grand écart facial, après mêtre
démoli les genoux !
Le
premier magazine qui parlait de varappe et que
jai trouvé en rayon chez
le marchand de journaux, sappelait «lAnnée
Montagne». Et puisque la couverture
en était souple, je lavais plié
directement dans mon blouson sans passer par la
caisse.
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Haaa,
que de rêves, de fantasmes et dambitions
nouvelles : les photos sont mauvaises
mais donnent tout de même envie : Buoux, le Verdon,
les calanques...
Si la montagne nous laisse plutôt froids, les
falaises du Sud... le soleil...
çà, ça nous fait vraiment rêver
(!).
A
Maron, le «vrai» grimpeur, le cador, cest
celui qui connaît ces falaises mythiques.
Et justement, on en connaît un. De vue (un con).
Un gaillard que nous, les deux débutants, intriguions
: on faisait -tout de même-
de très rapides progrès (Nous faisions
même du solo sur ce caillou... limite péteux
!)...
Sans
sinquiéter du matériel minable quon
utilise, il nous conseille de grimper
«en tête». Ha bon (?), il en est sûr
le monsieur, cest mieux ?...
Bon, o.k : fini lassurage du haut, à nous
la «vraie escalade» !
Ya pas de raisons, on a 24 ans, on est jeunes
et motivés (!) :
on va sy essayer.
Allez,
GO ! Cest Jean-Marc qui sy colle le premier.
Une
voie sur un beau pilier blanc, cotée dans un
6- de lépoque (6-/6/6+...
sans doute un bon 6b+ daujourdhui). Le nouveau
«premier de cordée» évolue
pas à pas, et moi, lassureur, je trouve
la corde bien raide pour donner du mou
dans le descendeur.
Cest
un peu le bordel...
Chute
du leader !!
Houuu:
je tiens fermement la corde mais glisse sur plusieurs
mètres
sur les graviers de la vire. Ouf, tout va bien, cest
«notre» première chute
et Jean-Marc ne sest pas fait mal.
Un
autre jour, cest moi qui suis en tête. Je
suis à la peine : jescalade lune
des
«Demoiselles de Meuse», à St Mihiel,
à une centaine de kilomètres de Nancy.
Cest une belle tour de calcaire (il y en a six),
sans beaucoup de fractures, lisse,
ronde, où il ny a que des petits trous
pour servir de prises.
Cest super dur (!).
Même
avec mes EB (Super Gratton) toutes neuves, jai
bien du mal à évoluer
sur les seuls bi-doigts et monodoigts, quoffre
cette voie que lon ne connaît pas.
Je marrête à chaque ancrage rencontré.
(A
lépoque, le monodoigt représentait
LE MUST de l'escalade (!) : quand on parlait
de monodoigts dans une conversation : les visages s'éclairaient
(!)...)
Mais
là, ya vraiment un problème :
au dessus, je repère un «machin»
en ferraille pour mettre le mousqueton
(pas de «dégaines» pour notre cordée
: elle na pas le sou !), je monte,
men approche... quelle horreur (!) : cest
un petit collier que lon utilise pour fixer,
au mur, les tubes de cuivre !! Deux demi ronds reliés
par une petite vis
de chaque côté (!)... ça va pas
le faire !
Cest pas costaud çà !!
Houuu...
kesss on fait dans ces cas là ?
Bon,
faut redescendre. Jai une idée : on na
quà laisser LE mousqueton en acier.
Un mousqueton que javais réussi à
dissimuler à un militaire, avant de le lui chaparder
après son départ (de lantimilitarisme
primaire, mais bon pour NOTRE cause de
grimpeurs débutants). De toutes façons,
il est trop lourd : on ne sen sert jamais.
Le
seul gros problème, cest que je suis accroché
à une douzaine de mètres,
et que Jean-Marc est obligé de me lâcher
: les affaires sont plus loin (!)...
Mais bon, la cornière a lair de bien vouloir
supporter mon poids (je suis tout maigre)...
donc...
Jean-Marc
trouve lobjet dans LA valise. Cest vrai
: je suis un drôle de zèbre :
alors que tout le monde utilise un sac à dos,
moi, je trimbale mon matériel de varappe
dans une petite valise (!?)...
Bon,
après une manuvre un peu délicate,
les deux gaillards sont maintenant
tous les deux au sol / le cul dans lherbe / sains
et saufs.
Pouuuuf.
Cest compliqué La Varappe.
Après
ces premières expériences descalade
en tête, ses chutes, ses échecs,
ni Jean-Marc ni moi ne se souvient sur les conseils
de QUI (?), on a changé
radicalement dattitude... et surtout de matériel
!!
------------
Si
nous récapitulons, les deux zigotos que nous
étions,
ont commencé à faire de lescalade
avec :
---pour
toutes dégaines : des mousquetons qui restent
ouverts (la barrette se coinçait
sur le côté, pour on ne sait plus quelles
ingénieuses raisons mais ça nous avait
plu :
on en avait volé une bonne demi douzaine !) ;
---des
baudriers en ceintures de sécurité, fixés
sur les hanches, plus bas que le nombril,
(bonjour les risques de retournement) et fermés
par un mousqueton à vis...
barrette en haut (!) ;
---une
corde spéléo. Une STATIQUE donc : la «blanche»
était moins chère que les autres
(ni Jean-Marc, ni le vendeur, ni les quelques grimpeurs
de Maron ne semblaient en connaître
LA différence avec une VRAIE corde descalade
: DYNAMIQUE ) ;
---un
encordement réalisé par une queue de vache
-le seul nud quon savait faire-
di-rec-te-ment attachée sur la barrette du mousqueton
à vis !!#@% ;
---et
souvent, sur du matériel fixe... prévu
pour de lartif !!
...
... ...
Nous
sommes aujourdhui en 2005, Jean-Marc et moi-même
sommes toujours en vie
(et nous espérons quà la lecture
de cette petite histoire, TOUT LE MONDE peut,
doit (!) crier au miracle !) / nous habitons depuis
20 ans dans le Sud de la France /
nous faisons toujours de lescalade / et nous avons
-à nous deux- 94 ans passés !
Et
si Jean-Marc, souvent et trop longtemps blessé,
na pas pu énormément progresser,
moi, jai tout de même réussi à
flirter -à une époque- avec le 8c...
--------------
Faites
attention à vous (!), et intervenez, TOUJOURS,
quand dautres semblent
pouvoir se mettre en péril... par leur attitude,
par le matériel quils emploient
ou leur façon de lemployer !
Lescalade
est un jeu... qui peut très vite très
mal tourner (!).
Bonne grimpe (!).
Pierre Rouzo...
et Jean-Marc Lallemand :
«On
est allé voir un film sur Rebuffat et on a discuté
avec lui.
Je me suis même fait virer de (mon boulot de régisseur)
(à) la «Comédie de Lorraine»
à cause du film de Giani sur Patrick Berhault,
je devais travailler un soir
et j'y suis pas allé. Je regrette pas.»
(Superbe)
--------------------
De
Martine, la femme de Jean-Marc (à pierre) :
«elle
est bien vraie ton histoire mais il y a une chose que
tu as oublié de mentionner :
les soirées que vous avez passées, tous
les deux, à discuter sur l'escalade, les machins,
les choses, etc... alors que nous étions jeunes
et belles
et en attentes d'occupation !!!!!!»
--------------------
Tout
est dit... sur les débuts dune passion
(!)
Texte publié sur le forum
escalade (C2C)
. 
©Pierre Rouzo
la falaise de Saint Mihiel : ce doit être
Pierre qui grimpe sur la photo
(Photo très aimablement
envoyée par "Osonvosges".)
|
©
on cherche toujours l'auteur de cette photo !?..
|
Il était une fois, mon tout premier texte sur
la question...
Auteur: Pierre
Rouzo
date: sam
03 déc 2005 19:30:00 CET
|
A
une époque (attention : c'est loin), Serge
Jaulin m'avait demandé
de rédiger un texte sur l'escalade, pour
"illustrer" une nouvelle
rubrique de Vertical : "Chef d'uvre"
(tout un programme !).
Las, le premier intervenant n'était autre
que le très célèbre
Jean-Pierre Bouvier, qui, lui, décrivait
l'ascension
réussie de l'une des voies qu'il avait équipée...
une voie
complètement POURRIE DE SIKA (visible sur
les photos) !!
"Chef
d'uvre" (??)
la rubrique commençait
bien #@&%
J'ai
donc rédigé mes petits souvenirs
à moi,
mais deux ans après l'événement
heu... en 1992... (je sais : c'était au
siècle dernier) (!).
Hélas
pour moi, le sujet a été refusé.
Vous verrez, c'est sans aucun doute à cause
de la fin...
A l'époque, "la mouche" (J.P.
Bouvier) avait quelque amitié avec
un
très très célèbre
membre de la rédaction...
Attention, c'est un peu long. Si ça vous
gonfle,
n'hésitez pas à passer à
autre chose.
Pierre
C'est un dimanche matin, il est à peine
9h00 et le téléphone sonne. Celui
qui me réveille s'appelle Serge Jaulin.
Ce monsieur travaille régulièrement
pour Vertical et me fait l'honneur, à moi,
Pierre Rouzo, de me demander de bien vouloir illustrer
une nouvelle rubrique du magazine :
"Chef d'uvre" ça s'appelle.
Flatté,
extrêmement étonné, puisque
cela fait maintenant une bonne décennie
que Jaulin/Rouzo ne peuvent guère se sentir
(pour des raisons très moyennement
élucidées bien sûr), je bredouille
donc - sur le moment - une réponse évasive...
Mais
bon, la conversation est courtoise, et comme je
ne suis pas insensible
à l'idée de voir ma tronche un jour
imprimée dans un beau magazine,
jen accepte le principe...
Le
jeu consiste à parler d'escalade (ça
n'est pas une surprise), de
l'équipement d'une voie et surtout (ce
que je ne trouve pas totalement
idiot), de la réalisation d'une voie que
l'on a soi-même équipée...
et tant
qu'à faire - vu le nom de la rubrique -
peut-être pas de la plus laide.
Pas
forcément la plus dure", me rassurait,
tout de suite, ce chroniqueur
de Jaulin lorsque je lui expliquais qu'en ce moment,
j'étais plutôt "7b taquet"
car j'équipais systématiquement
tous les week-ends...
Mais
bon, tous mes copains vous le diront : ma voie
à moi,
et mon plus beau souvenir, c'est "Biotop".
C'est dur, c'est beau, et s'il vous plaît
de m'en entendre
parler, allons-y pour Claret, mais deux ans en
arrière.
Avec
Hugues, le rasta Beauzile, nous avons dû
passer trois jours entiers
à batailler pour équiper ce toit
magnifique...
Une ligne grandiose que l'on s'était réservée
pour la fin.
Pour la fine bouche.
Car cela faisait maintenant 6 mois, que lui et
moi étions dans les
toits alentours. Avec chacun son petit chantier
à nettoyer, à équiper / chacun
sa nouvelle voie à essayer / chacun son
petit nom perso à inscrire
d'une belle
écriture une fois que les broches étaient
enfin scellées.
Que
des voies superbes, dictées par le caillou
comme le sont "Faux plafond"
(à moi), "Makossa" (à
lui), "Abri-bus" (à moi) ou "Anti-G"
(à lui).
Des voies que l'on se disputait presque et qui,
jespère, inscrivent encore
de beaux souvenirs chez tous ceux qui s'y attaquent...
Mais
là, cette ligne, cette grande diagonale
bien visible du bas
qui file juste au dessus des stalactites...
tous les deux - bien sûr - en rêvions
comme des fous.
Celle là, nous savions - déjà
- que nous léquiperions ensemble
!
Aux
vues des chantiers alentours, nos petits camarades
s'étonnaient
quelle ne fût pas encore équipée...
Pardi : s'attaquer à çà,
représentait forcément un boulot
énorme.
LE chantier de Claret.
Et
lorsqu'au premier jour, sous mon marteau, le gros
baquet inversé
de la sortie du toit a fini explosé en
bas...
Hugues m'a regardé d'un sale il.
Il était allongé loin devant, suspendu
à un crochet minable, en train de tisser
une véritable toile de cordes fixes pour
la mise en chantier.
"Tapes pas si fort, tu vas tout démonter
!"
Damned.
Avec cette prise en moins, c'était même
plus du 8c, c'était pire !
Après "Guère d'usure"
et "Elzévir," allions nous, une
nouvelle fois, ouvrir
une voie bien trop dure pour nos capacités
?
...
... ...
En
essayant du bas et les dégaines au cul,
ça nous a vite semblé costaud.
Voire même rédhibitoire pour une
partie du toit : trois bons mètres,
qui vraiment ne voulaient pas nous laisser faire.
Le
mur du bas cotait déjà 7c, un repos
magique venant juste après.
Et là, derrière la nuque, ces douze
mètres d'avancée...
Une sensation horrible !
En
tout, une cinquantaine de mouvements, dont une
trentaine de bien durs,
et trois ou quatre que l'on n'arrivait même
pas imaginer !
Diable
!
Tout
le reste "faisait" proprement, et déjà
l'enchaînement paraissait
diabolique. Alors, avec ce crux - en plus - qui
nous résistait méchamment...
ça commençait à nous laisser
rêveurs (et surtout, à faire ricaner
autour de nous sur nos folies de grandeur)...
Pendu
au bout de la corde, et après trois ou
quatre tentatives de mise en
pratique de théories farfelues sur des
jetés à lhorizontale, jobservais
- avec dépit - mon impuissance à
trouver une quelconque solution.
Complètement dégoûté
de la vie, en en voulant au monde entier
(jai mauvais caractère), j'allais
abandonner lorsque le jeune Beauzile
se mit à s'énerver. "Il faut
coincer", me dit-il.
Il est bon lui, et je coince quoi moi ?
Et
voilà le rasta en pétard, qui se
lance à l'assaut de cet espèce
de crux en forme de dos crawlé aléatoire...
Après
20mn d'efforts, rusé comme le renard et
têtu comme la mule,
celui-ci réussit - effectivement - à
coincer "quelque chose" pendant quelques
secondes : son 44 de pointure gauche... et puis
plus rien.
"A toi de faire le reste" me murmura-t-il
comme ça, assis dans la poussière,
encore sanguin jusqu'aux oreilles.
Bon
d'accord : à mon tour.
Mais je suis sûr que cette sorte de fissure
évasée ne va jamais vouloir
de mon 41 de pompes de ville, moins les trois
que je mimpose
pour l'escalade...
Jamais
!
Et puis surtout, rien n'est vraiment résolu
: il reste deux mouvements
affreux pour y rentrer, et deux jetés sordides
pour en sortir...
de sa jolie trouvaille !
Bon,
allez, j'y vais.
Cest bien simple, mon pied ne tient quune
fois sur dix !..
Et encore, ça n'est que le lacet qui sert
vraiment à l'adhérence.
Bien, pas de problème me dis-je : je fais
comme les pros :
je change de pompes.
Je garde, pied droit, ma vieille pantoufle fétiche,
et pied gauche, jenfile
une sorte de super babouche fluo, qui offre l'avantage
d'avoir été
bizarrement conçue, au point quelle porte
- sur le dessus - un gros "platra"
de gomme.
Exactement ce qu'il me faut...
Ainsi chaussé "bigare", je repars
à l'attaque sous les quolibets des
demi-pointures restées au sol.
Mais ce que ne savent pas ces moqueurs du dimanche,
c'est que je suis
un vrai teigneux, et que cette voie je l'ai tellement
rêvée, que je vais leur
montrer, moi, comment ça passe.
Ce
film, c'est pas "Trop belle pour toi"
c'est..."Putain, con, ça va chier
!"
Et
ça marche. J'arrive dans le pas complètement
asphyxié par un mouvement
terrible dans une apnée totale (je suis
franchement desservi, il faut bien
l'avouer, par l'abus quotidien de la gauloise
sans filtre !), met le pied
au bon endroit (on se croirait dans une dalle,
tellement le caillou est près du pif !)...
et ça tient.
Enfin,
une fois sur huit. Il y a donc du progrès.
Quand
ça a tenu, j'ai même réussi
les jetés. Le premier n'est pas vraiment
extrême mais le deuxième est total
: on arrive sur un plat et le baquet est
derrière. Il faut alors re-jeter d'un petit
bond d'à peine 3 cm.
Superbe.
C'est
tout con la varappe : il n'y a qu'a empiler les
nouvelles découvertes
avec le reste et le tour est joué. Fastoche.
Y'a plus qu'à.
Hélas,
au bout de 10 essais, ça ne marche toujours
pas : à chaque fois que
j'arrive très motivé du bas, ce
satané pied gauche refuse de coopérer.
Par contre, après la chute, dès
que je réessaye d'où je suis, ça
marche.
Cest
chiant : ça devient pénible ce problème
d'adhérence dans ce toit
pour gros bras !
Heureusement
que Lucien, lui qui m'assure à chaque fois,
ne se lasse pas
de me voir gambader au plafond sur cette ligne
magistrale.
Sinon, la hargne m'aurait quittée.
Le
vieux bonhomme, qui s'inquiète maintenant
pour ma santé mentale,
me conseille gentiment de travailler le reste...
"si des fois ça passait"
(j'adore ce conditionnel !).
Que dalle ! j'ai deux dégaines au cul,
les autres sont en place jusqu'au
crux, et le reste, le reste... Je sais pertinemment
que c'est encore très
dur, mais je l'ai fait une fois, à vue,
et si un jour ça passe, faudra venir
m'arracher des prises pour que je tombe avant
d'avoir embrassé
cette satanée chaîne dun relais
que j'ai moi-même posé !
Nom de Dieu, ça va chier !
Et
ça chie.
Le
jour J, je fais carrément de la dyslexie
gestuelle, croise au début
du toit sur les inversées bi-doigts...
complètement à l'envers !
Et l'erreur m'est signifiée par une douleur
cinglante, dans lavant bras,
que je connais très bien : c'est une élongation.
J'en
fais part à Lucien (comme quoi il n'est
pas interdit de papoter dans
du 8) et poursuit, sous ses encouragements, mon
bonhomme de chemin...
mais hélas complètement démoralisé.
J'arrive
au crux, je coince le pied, je jette
une première fois, une
deuxième, choppe le baquet, tire le mou
(pour la toute première fois à cet
endroit précis !), m'apprête à
mousquetonner à l'horizontal... et réalise
soudain, que ce fameux pied gauche qui m'a longtemps
posé problème,
peut très bien, dès cet instant,
décider de ne plus adhérer à
ma cause.
Lucide,
je me met donc à faire mon Patrick Edlinger,
me pends par un seul
bras (le baquet n'a qu'une place), avale le mou
et... hélas, moins musculeux
que mon maître vénéré,
tourne sur moi-même avec le mou dans la
bouche
et me retrouve maintenant avec la dégaine
placée derrière les oreilles
(je peux même voir de face, en contrebas,
Bérardini qui s'inquiète) !
Mais
je l'ai dit, si ça passe, ça va
chier !
Et
comme je suis passé, je bricole maintenant
comme un dieu,
randonne carrément dans des postures atroces
pour la santé des genoux,
fournis - de-ci de-là - des efforts à
vous dégoûter des sorties en plein-air,
vais même jusqu'à jeter pour le simple
plaisir, et pour enfin atteindre
la chaîne, zippe dun pied dans un
trop plein de bonheur...
Je
viens de réussir "Biotop" !
Loin à gauche sur la falaise, les copains
me congratulent déjà par des cris
et des gestes. Loin sur la droite, d'autres copains
me congratulent encore
et de la même façon...
La
vie est douce.
Et
tout ce joli monde - bien évidemment -
se retrouve peu après attablé,
au bistrot, où j'ai mis au frais le champagne
d'occasion !
Car chez-nous, il y a une tradition
qui ne doit pas se perdre : on paye son
coup, le jour où l'on a réussi les
choses auxquelles on a beaucoup tenu...
Cest comme ça. Et cest bien.
Et
ce jour-là, nous étions une trentaine
à disputer les chaises aux buveurs
autochtones dans LEUR café des sports !
J'ai
adoré ce jour.
Un
mois d'abstinence me fut nécessaire pour
oublier l'élongation.
Mais je n'ai pas eu beaucoup de mérite
car j'étais tranquillement assoupi,
par un bonheur tout bête, le cul bien installé
dans un fauteuil tout en feuilles
de lauriers...
|
Juste
avant l'élongation ! |
©
Jean-Marc Lallemand
 |
La
"fameuse adhérence" du pied
gauche... Et bien regarder la position de
la dégaine à gauche, pour bien
comprendre le mouvement du RE-jeté
dans le bac "à une seule main"...
juste avant de "faire mon Patrick Edlinger"
#@&%o))) |
|
©
Jean-Marc Lallemand
|
|
Il
est très difficile de décrire ce genre
d'émotions fortes. Il nest pas
facile - non plus - d'expliquer ce que l'on éprouve
à cogiter une ligne
dès que l'on voit du caillou, de faire partager
ses folies, ses doutes et les
peurs que l'on se fait, lorsque, enfin, on se décide
à équiper.
Grimper
dans "ses" voies pour les toutes premières
fois est toujours un régal.
Et si parfois, j'équipe çà
comme un con (puisqu'autrefois j'ai même
taillé des
prises / honte sur moi !), par précipitation
souvent mais par passion toujours,
jamais, je ne ferai ce qui a été
fait : bricoler des prises au sikadur, sur le
rocher,
alors quon a les même à la
maison - reproduites à lidentique
- pour sentraîner
à lenchaînement... dans la
nature !
Ca
a quelque chose dassez putride qui va jusqu'à
pourrir le joli mot
d'"insoumission".
A
vous qui confondez prises en résine et
rochers millénaires, sachez que
dans "Biotop", toutes les prises sont
naturelles, et que le seul sika employé
sert à tenir les broches !
Et
c'est en toute modestie que j'équiperai,
demain, une voie dont la
cotation sera uniquement dictée par la
nature et que je nommerai ainsi
pour le simple plaisir : "Tue-mouche".
Un
dernier mot à propos d'équipement.
Gloire à ces pseudo-poètes qui
se touchent le pistil en parlant de "chefs-d'uvre"
lorsqu'ils parlent
d'ouverture. Gloire à ceux qui se prennent
pour des peintres lorsqu'ils
signent d'un petit nom ronflant le bas des voies
qu'ils finissent
d'ouvrager, qu'ils sachent quand même -
car ils l'ont oublié - que la seule
uvre maîtresse est tout simplement
la nature. Et que l'intervention de
l'homme n'est que basse besogne.
Nous ne sommes pas beaucoup à équiper
des voies et aucun d'entre-nous
ne devrait être payé pour le faire.
Mais que les grimpeurs consommateurs
gentiment dorlotés, sachent aussi qu'équiper
est un boulot énorme,
éprouvant et dangereux -effectué
de manière totalement gratuite et
désintéressée - et que le
seul moyen d'équiper ailleurs (toujours
et encore ?)
pour le plaisir de tous, passe par la simple vente
des topos (qui représentent
- eux-mêmes - un travail important).
Sachez
maintenant qu'à Claret nous ne tolérerons
plus les photocops du nôtre.
Qu'il ne coûte que le prix d'une mauvaise
dégaine et que son achat
n'est pas obligatoire !
Et
que s'il ne vous plaît pas, vous pouvez
toujours - facilement et sans problèmes
- vous en bricoler un bien à vous... même
en pompant le nôtre !
Mais ne photocopiez pas le travail des autres
!
Attention
: celui que nous proposons n'est plus d'actualité
: il manque en effet
une voie que Hugues vient d'équiper et
qui s'appelle (sans déconner)
"No photocop". Une voie que vous pouvez
tout de suite inscrire dans la colonne
des gros 6... des très très gros
6 même...
Un
"chef d'uvre" de mauvaise foi.
Voilà, désolé : ce texte
a plus de dix ans, et sil a été
refusé...
cest sans doute - aussi - quil nétait
pas bien terrible.
Mal écrit sans doute.
Depuis,
les jeunes forts on trouvé une superbe
variante qui supprime
le problème rencontré au début
: elle offre une belle envolée en parfaite
adéquation avec le reste de la voie.
Cest encore plus beau et moins aléatoire.
Depuis
(encore), de jeunes martiens lon faite à
vue !
Jaime
lescalade, CETTE escalade :
sur le rocher, dans son état naturel...
et dans la nature.
Au revoir.
Pierre
Texte publié sur
le forum escalade C2C en octobre 2004
pour
revivre avec lui ses
débuts de dessinateur:
|
Mon
poids en bonbons.
Auteur: Pierre
Rouzo
date: 24
septembre 2006 Forum C2C
Un
jour, quand j'étais petit, Jules,
l'un de mes copains de classe,
m'a prêté ses crayons de couleurs
(les vieux, car il avait eu une nouvelle
boîte
pour Noël : une grande : la 52 couleurs
!!!)
Je
dessinais pas trop en couleurs,
mais là, j'ai essayé sur
du beau papier
du tout blanc, sans carreaux.
D'abords,
j'ai commencé à crayonner
en prenant
mes jouets pour modèles, mes autos,
mes petits soldats
Puis après, j'ai dessiné
des vrais gens :
ma grand mère, mon frère,
ma sur,
mon papa
et Maman aussi.
Maman
me disait que tout ce je dessinais était
joli
Tout le monde me le disait
Que c'était
bien,
qu'il fallait que je continue
Je
dessinais maintenant tout le temps !
Les crayons de Jules étaient devenus
tout petits.
Pas tous : il y avait des couleurs que
je n'aimais pas trop
Mais le orange par exemple, il était
vraiment tout petit !
Maman m'avait dit : "Quand tu n'arriveras
plus
à tenir le orange, on t'achètera
une boîte".
---"Chouette ! La grande (?) la 52
couleurs ?
"
Ma
mère n'avait pas répondu.
Et
puis un jour, Madame Lucette, la voisine
d'à côté,
a apporté à Maman un article
découpé dans le journal
:
Le Magasin Prisunic, celui de la rue du
Général Leclerc,
à côté des PTT, organisait
un concours de dessin !
Il fallait dessiner toute une cour de
récréation
Avec des enfants qui jouaient dedans !
Puuuh
çà, c'était dur !
pleins d'enfants dans la cour
avec les arbres, le préau et le
Maître qui surveille
en fumant sa pipe
Je ne savais pas
si j'y arriverai
Mais je me suis lancé
sur
une grande feuille
de papier, épaisse. C'était
marqué dans le règlement
!
J'en n'avais qu'une : il ne fallait pas
que je loupe mon dessin !
Mais
je n'avais pas trop peur de le louper
: pour un autre dessin
que le Maître nous avait donné
à faire, "Un train arrive
en gare",
j'avais eu une bonne note : le Maître
avait remarqué
que je n'avais pas dessiné les
yeux, les nez, les bouches,
les oreilles des gens qui attendaient
le train sur le quai
parce que, avait-il dit tout haut, devant
toute la classe :
"De loin, on ne distingue pas les
traits des visages."
J'était fier d'avoir trouvé
tout seul ! :-)
Pour
le concours, je me suis appliqué
: j'ai fait plein plein
d'enfants en train de jouer, j'ai dessiné
la grille, un camion
de poubelles qui passait dans la rue Jules
Ferry
la cloche de l'école, et même
la pendule avec l'heure
EXACTE de la récrée !
En
voyant le résultat, Maman m'a tout
de suite dit
que j'avais toutes les chances de gagner
le premier prix :
MON POIDS EN BONBONS !!!
Que j'avais toutes les chances, mais que
c'était pas sûr,
quand même
Il
fallait rouler son dessin, l'attacher
avec un joli nud,
et le déposer au magasin, au rayon
bonbons !
Quand je suis arrivé devant la
dame des bonbons,
j'était tout tremblant
comme
si j'avais la fièvre
On
n'était pas loin des vacances,
mais j'ai passé
les trois semaines les plus dures de ma
vie !!
Il fallait attendre TROIS SEMAINES pour
savoir
qui avait gagner le concours de dessin
!!!
Je
ne pensais qu'à çà
!
Je n'arrivais même plus
à jouer
Et je mangeais, je mangeais
mais
Mère l'avait bien vu :
je voulais grossir au cas où je
gagnerais le concours
LE PREMIER PRIX : MON POIDS EN BONBONS
!!!
Mais j'étais prévenu : je
n'aurai pas tous les (mes) bonbons
dans ma chambre ! C'est Maman qui m'en
donnerait
quand elle le déciderait !
En
attendant, elle se moquait de moi.
Tout le monde à la maison se moquait
de moi (!) :
"Mais arrête donc de manger,
tu n'as jamais grossi, Pierre !!"
Tout le monde rigolait ! Et c'est vrai
que je ne grossissais pas !
Et quand la pharmacienne a dit à
Maman que je venais me peser
-tous les jours- sur la balance de la
pharmacie
tout le monde a hurler de rire, à
la maison !
Je suis même devenu tout rouge
Mais
je m'en fichais : j'avais trouvé
une (autre) super idée (!) :
non seulement j'avais prévu de
monter sur la balance
du Prisunic -au cas où je gagnerais
bien sûr-
avec toutes mes billes dans les poches
!
mais surtout avec les Pafs ! Les plus
lourds :
les Pafs en acier !!!
Pendant
ces terribles trois semaines d'attentes,
j'arrêtais pas d'essayer d'en gagner
des gros Pafs :
j'ai même perdu presque toutes mes
billes en verre pour çà
On me prenait pour un stupide, mais personne
ne savait
que c'était moi le plus malin !
N'en
pouvant plus d'attendre, à deux
jours du résultat final,
j'étais allé au magasin
au cas où ils auraient déjà
affiché
le nom du gagnant
enfin, DES gagnants,
puisqu'il y avait plusieurs prix
En regardant la balance pour peser les
bonbons,
je me suis dit qu'il n'allaient pas nous
faire monter dessus
qu'ils allaient en sortir une bien plus
grosse !
Je
me suis dit aussi, que vu qu'il y avait
un règlement
peut être qu'ils allaient fouiller
les poches de celui qui allait
monter sur la balance !!?
Et que
si c'était moi, j'allais
devenir tout rouge, devant tout le monde,
avec tous
mes Pafs dans mes poches !
Ils n'allaient quand même pas peser
le gagnant tout nu ???
Si c'était moi, je voulais pas
être tout nu devant tout le monde
même pas en slip ! Je renoncerai
donc à mon prix !
J'ai
donc changer de ruse !
Plus malin que moi, je ' connais pas encore
Les Pafs, c'était de la triche
bon
mais boire
plein plein d'eau, juste avant d'aller
dans le magasin
pour se faire peser (!!!)
c'était
pas de la triche !
Personne le saurait !
Le
problème, c'était d'arriver
jusqu'au magasin
sans faire pipi
c'est vachement
dur de marcher
avec le ventre tout gonflé !
Tant pis, il faut essayé quand
même !!
Le
jour du résultat, tous les enfants
qui avaient fait
un dessin pour le concours, étaient
convoqués
à la même heure
au
rayon bonbons !
Je n'ai jamais tremblé autant.
J'avais même
de la sueur sur le front
Pour
venir, j'avais le ventre tout gonflé
et je n'arrivais pas
à bien marcher tout droit sur le
trottoir (ma mère
me regardait d'un air inquiet mais ne
m'a pas posé
de questions
peut être qu'elle
avait deviné ma ruse
)
Même en marchant un peu courbé,
j'ai jamais pu arriver
jusqu'au Prisunic !
Il a fallu que
je fasse pipi
dans le terrain vague, juste après
le salon de coiffure
de mon grand père !
Bah
tant pis, ça ferait quand même
pas mal de bonbons !
Les ruses, des fois ça marche,
des fois ça marche pas
Quand
le Monsieur du magasin a donner le nom
du gagnant dans le micro
j'avais
plus d'eau pour pleurer.
Heureusement, sinon je serais devenu tout
rouge de honte
J'étais
deuxième !
En plus, le premier, c'était le
gros René !
Celui que j'aimais pas ! Il me tirait
souvent les cheveux
parce qu'il disait que je ressemblais
à une fille
Il m'a même craché dessus
un jour !
Beurk
! Le gros René
il a plein
de bourrelets
et son dessin est même pas beau
!!
Je suis sûr qu'il a triché
! Sa tante travaille dans le magasin,
au rayon des parfums pour les dames
c'est elle qui a triché !!!
J'étais
dégoûté
je voulais
plus JAMAIS dessiner !
Je
suis rentré en traînant ma
guirlande
de sucettes sur le trottoir
Le deuxième prix : une guirlande
de sucettes
que j'aime pas trop en plus
puuuff
Et
évidemment, à force de faire
l'imbécile
en traînant ma guirlande par terre,
vu que c'est sale
j'ai pris une beigne !!
J'ai voulu rendre les crayons à
Jules,
mais Jules n'en voulais plus !
Je ne savais pas quoi en faire
j'aurais
pu les donner
à ma petite sur, à
quelqu'un d'autre, dans la classe,
qui n'en avait pas beaucoup
mais
je les ai jetés.
Je les ai jetés dans la grande
poubelle de Mr Roger,
l'épicier en bas de chez nous
J'aurais
peu être pas dû
J'y ai pensé longtemps et j'ai
souvent regretté
Après, ça a été
les vacances
mais j'étais vraiment
dégoûté
pierre hazebine rouzo deuxième
-----------------
Il y a quelques années,
le bon copain Pascal m'a prêté
ses tubes de couleurs ! :-)
J'ai
essayé de peindre
mais c'est pas terrible non plus
J'ai arrêté la peinture
pierre
|
|
©
Pierre Rouzo |
|
Le coup de crayon, les détails, tout
Pierre... (et le Père Noël est
déjà très mince dans
son esprit)
-document très gentiment scanné
par le Père de Pierre-
|
|
J'ai
bien failli ne jamais faire d'escalade
Auteur: Pierre
Rouzo
date: automne
2006 Forum C2C
D'un
côté, j'aime bien les vacances,
et de l'autre
j'aime pas trop
J'aime
bien, parce qu'on peut faire tout c' qu'on
veut
On n'a pas de devoirs, on peut se coucher
plus tard, on peut aussi regarder la télé,
jouer à c' qu'on veut
on peut
courir partout et rigoler toute la journée
!
Même tout fort, on peut rigoler !
(Pareil
que pour quand on fait des bêtises,
en vacances c'est moins grave.)
Là
où j'aime plus trop
c'est à
la fin des vacances.
Surtout les grandes
Parce que les vacances, c'est comme pour
la récrée : ça dure
jamais tout le temps !
Au bout d'un moment, y'a la cloche qui sonne,
et on doit se mettre
en rangs par deux pour rentrer en classe
--------------
Ce jour là, j'ai pas entendu la cloche
!
--------------
En
fait, c'était pas la récrée,
c'était la rentrée du vendredi
matin
C'était en octobre, c'était
bientôt mon anniversaire, et cela
faisait presqu' un mois
que nous avions déjà fait
la rentrée ! Y'en avaient même
qu'avaient pleuré.
Moi non : j'ai plus peur : j'aime bien les
vacances
mais j'aime bien aussi l'école.
J'avais
retrouvé les copains
enfin
les copains
les autres,
pas Michou, Momo et Fil de fer
nous
on se voit tout le temps :
on habite le même HLM et on vient
à l'école ensemble
Non, les autres : Nico, Yvan, Boris et Méro
!
Dans
notre classe, il n'y avait pas eu de nouveau
Enfin si
mais c'était une nouvelle
: Paula, qu'elle s'appelait.
Moi,
je l'ai tout de suite appelée "Grand'
Paul" !
Pourquoi Grand' Paul ?
je ' sais plus
Si (!) : elle avait les cheveux court,
avait un fichu caractère
et
surtout, elle était plus grande que
moi !
On
aurait dit un garçon : on ne pouvait
même pas lui tirer les cheveux
-même pour rigoler- sans se prendre
aussitôt une beigne !
Pareil
pour les blagues ou les bêtises qu'on
pouvait lui dire
Bing : elle répondait -direct- en
parlant tout fort, avec des fois des mots
qu'on ' comprenait même pas !?
En
tous cas
pour une fille, y'avait plus
beaucoup de garçons pour l'embêter
autour :
Fil de fer était devenu tout rouge
quand Paula lui avait dit un mot dans l'oreille,
Michou avait pris un grand coup de tatanne
dans le tibias
et Momo avait perdu au bras de fer, contre
elle,
ET devant tout le monde !!
Moi,
je continuais -fièrement- à
toujours la braver en l'appelant Grand'
Paul
Mais
je savais, qu'elle savait, que c'était
pour de rire (!) :
un jour, je lui avais mis -dans son cartable-
un dessin que j'avais fait d'elle
avec moi à côté
mais en beaucoup plus petit !
Elle
avait bien ri, et m'avait répondu
en glissant un petit mot dans ma trousse
------------
Avec les filles, devant tout le monde, c'est
pas facile : si t'es trop gentil,
on se moque de toi en disant que t'es amoureux
(!?)
Si t'es trop méchant, on te dit que
t'as pas le droit, parc' que c'est qu'une
fille !
Poouuuuh
Avec
Paula, c'était plus facile : elle
était bien assez grande
pour se défendre toute seule !
------------
Mais
lorsque le gros René m'a dit qu'il
avait vu sa culotte
là, j'ai
pas aimé !
Quand il a juré qu'elle était
rose
je ' l'ai même pas cru
(!) : nous, les garçons,
on n'a pas -que- des slips bleus !!(?)
Y dit n'importe quoi le Gros René
!
(N'importe comment, je l'ai jamais aimé
le gros René ! )
En
plus, c'est vrai que j'avais déjà
remarqué que Paula avait l'habitude
de faire un drôle de manège
elle tournait sur elle même, vite-vite-vite-vite
avec son cartable au bout du bras !
et sa jupe se soulevait
des fois
Ce jour là, je me suis approché
trop près ?
est c' que quelqu'un
m'a poussé ?
est c' qu'elle
l'a fait exprès ?
Je ' sais plus
je ' sais même
plus si j'ai eu mal, parc' qu'après
le choc,
j'ai vu plein d'étoiles et je suis
tombé dans les pommes
Quand je me suis réveillé,
j'étais dans les bras de Madame Claudine
L'infirmière de l'école
haaaaa
il faudra qu'un jour
je vous en parle de l'infirmière
de l'école !
En attendant, les premiers jours, ma quéquette
était toute bleue
Après, elle est passée par
toutes sortes de couleurs
et à la maison, tout le monde se
moquait de moi
et moi j'étais tout rouge
sans
pouvoir rien dire pour me défendre
Je
suis rentré que le vendredi suivant
:-)
pierre
-------------------------------
Quand on a repris l'école après
les vacances de Noël,
on a trouvé un grand " truc
" sous le préau
un mur d'escalade qu' i's ont dit !
On
n'avait pas ' droit d'approcher
p.
©
Pierre Rouzo
Mais comment résumer (et
pourquoi le faire) la vie d'un homme
tel que Pierre,
on ne résume pas Pierre, on
l'apprécie ou on le fuit
mais on ne le comprime pas sur une
page !!!
Pourtant,
pour le garder encore un peu
j'ai essayé de rassembler
ces photos et ces textes
mais il faudrait encore
..
-
dresser l'immense liste des voies
qu'il a équipées,
-
évoquer ses multiples
interventions sur les forums d'escalade
où il s'amusait beaucoup.
Dialogues savoureux, humour à
fleur de lignes
de grands
moments
-
retrouver plus de photos pour
se souvenir de sa grimpe féline
et plus de dessin et d'affiches
pour admirer encore son talent de
dessinateur-caricaturiste-graphiste,
-
sourire de ses farces et de ses
bons mots,
-
parler de son fichu caractère
-
ne pas oublier tous ses Amis
dont il parlait avec tant de chaleur
et de passion
|
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Mais Pierre ce fut aussi le courage et l'humour
face à la maladie:
|
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un
montage photographique qu'il réalisa le
premier jour de sa chimiothérapie
|
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ma
réponse imagée, suite à
son récit de sa première radiothérapie...
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Son perfo, qui fut celui de Hugues Bauzille,
qui servit pour équiper tout Claret,
Saint-Bauzille et bien d'autres voies.
Pierre y tenait beaucoup, il l'a légué
aux jeunes équipeurs qui à
sa suite vont continuer à
équiper de belles voies,
propres, naturelles
des voies "blanches" comme il
se plaisait à les appeler... |
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Mais "le crabe" eut raison de lui...
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les
personnages de Pierre mis en scène par mes soins, pour
un Adieu... ©
Mu
|
©
Mu
|
Adieu Pierre, et merci !
merci également à Claudine et à
leurs amis...
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